Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Textes et études

Textes et études
Albums Photos
Archives
Textes et études
28 juillet 2009

Le Chêne et le Roseau

La Fontaine Fables Livre 1 Le Chêne et le Roseau Le Chêne un jour dit au Roseau : "Vous avez bien sujet d'accuser la Nature ; Un Roitelet pour vous est un pesant fardeau. Le moindre vent, qui d'aventure Fait rider la face de l'eau, Vous oblige à baisser la tête : Cependant que mon front, au Caucase pareil, Non content d'arrêter les rayons du soleil, Brave l'effort de la tempête. Tout vous est Aquilon, tout me semble Zéphyr. Encor si vous naissiez à l'abri du feuillage Dont je couvre le voisinage, Vous n'auriez pas tant à souffrir : Je vous défendrais de l'orage ; Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des Royaumes du vent. La nature envers vous me semble bien injuste. - Votre compassion, lui répondit l'Arbuste, Part d'un bon naturel ; mais quittez ce souci. Les vents me sont moins qu'à vous redoutables. Je plie, et ne romps pas. Vous avez jusqu'ici Contre leurs coups épouvantables Résisté sans courber le dos ; Mais attendons la fin. "Comme il disait ces mots, Du bout de l'horizon accourt avec furie Le plus terrible des enfants Que le Nord eût portés jusque-là dans ses flancs. L'Arbre tient bon ; le Roseau plie. Le vent redouble ses efforts, Et fait si bien qu'il déracine Celui de qui la tête au Ciel était voisine Et dont les pieds touchaient à l'Empire des Morts.
Publicité
28 juillet 2009

Le loup et le chien

Jean de La Fontaine Fables Le Loup et le Chien Un loup n’avait que les os et la peau, Tant les chiens faisaient bonne garde. Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau, Gras, poli, qui s’était fourvoyé par mégarde. L’attaquer, le mettre en quartiers, Sire loup l’eût fait volontiers. Mais il fallait livrer bataille ; Et le mâtin était de taille A se défendre hardiment. Le loup donc l’aborde humblement, Entre en propos, et lui fait compliment Sur son embonpoint qu’il admire. « Il ne tiendra qu’à vous, beau sire, D’être aussi gras que moi, lui repartit le chien. Quittez les bois, vous ferez bien : Vos pareils y sont misérables, Cancres, hères, et pauvres diables, Dont la condition est de mourir de faim. Car quoi ? Rien d’assuré ; point de franche lippée : Tout à la pointe de l’épée. Suivez-moi : vous aurez un bien meilleur destin. « Le loup reprit : « Que me faudra-t-il faire ? - Presque rien, dit le chien, donner la chasse au gens Portants bâton et mendiants ; Flatter ceux du logis, à son maître complaire ; Moyennant quoi votre salaire Sera force reliefs de toute les façons : Os de poulet, os de pigeons, Sans parler de mainte caresse. » Le loup déjà se forge une félicité Qui le fait pleurer de tendresse. Chemin faisant il vit le col du chien pelé. « Qu’est-ce là ? lui dit-il. – Rien – Quoi rien ? – Peu de chose. - Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché De ce que vous voyez est peut-être la cause. - Attaché ? dit le loup ; vous ne courez donc pas Où vous voulez ? – Pas toujours, mais qu’importe ? - Il importe si bien que de tous vos repas Je ne veux en aucune sorte, Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. » Cela dit, maître loup s’enfuit, et court encor. » Livre I. 5. 1668
Publicité
Publicité